samedi 19 mai 2012

Le char à oie



Ce jouet est un poussoir, dont on voit le départ du manche à droite de la photo.
Une roue à came, avec deux encoches, entraîne le mouvement du personnage pour le relever en arrière, puis il est ramené vers l'avant par le poids de la tête de l'oie.

dimanche 13 mai 2012

Un plus de vie

Les journées du retraité sont disposées en dent de scie: parfois c'est le trop plein, et parfois le trop vide...
Fabriquer un jouet, pour en remplacer un qui a été usé jusqu'à la fibre par des milliers de mains lors des expos, ou pour faire un double qui sera offert et assurera un petit bonheur à quelqu'un.
Et le défi, c'est de le fabriquer loin de son atelier, et avec "trois fois rien": le couteau, quelques poinçons de fil de fer, une demi-scie à métaux ,  un peu de colle.
Ensuite, c'est la promenade et la recherche pour trouver une cagette de fruits, des gitolles de noisetier et autres chutes qu'il faudra intégrer, ou à partir desquelles on calibrera tout le reste.
C'est ainsi que naissent les "scieurs de long" dont les membres seront tirés de restes de lamelles de parquet et la casquette d'un morceau de contreplaqué effeuillé, avec une rondelle de bouchon.
Et le moulin provençal, dont la base est prise dans un petit tronc de frêne coupé sur le bord du chemin au cours d'une campagne municipale de débroussaillage, et la base un éclat d'ardoise des Pyrénées.
Et puis, le trébuchet dont le socle provient d'une latte de lit cassée par l'enthousiasme sportif de quelque petit-fils, et le godet d'un reste de canne de Provence.
Rien de tel pour assurer un "plus de vie", selon la formule d'un ami à qui je racontais tout cela!

Sans compter ce que dit si sagement Montaigne, Essais, Livre I:

       "Dernierement que je me retiray chez moy, deliberé autant que je pourroy, ne me mesler d'autre chose, que de passer en repos, et à part, ce peu qui me reste de vie : il me sembloit ne pouvoir faire plus grande faveur à mon esprit, que de le laisser en pleine oysiveté, s'entretenir soy-mesmes, et s'arrester et rasseoir en soy : Ce que j'esperois qu'il peust meshuy (aujourd'hui) faire plus aysément, devenu avec le temps, plus poisant, et plus meur : Mais je trouve,
variam semper dant otia mentem, ("L'oisiveté conduit toujours à des pensées aléatoires")
qu'au rebours faisant le cheval eschappé, il se donne cent fois plus de carriere à soy-mesmes, qu'il ne prenoit pour autruy : et m'enfante tant de chimeres et monstres fantasques les uns sur les autres, sans ordre, et sans propos, que pour en contempler à mon ayse l'ineptie et l'estrangeté, j'ay commencé de les mettre en rolle ("les mettre en ordre") : esperant avec le temps, luy en faire honte à luy mesmes."