mercredi 28 décembre 2022

Pistolet à « capucines »

 Pistolet à « capucines »



J’hésite un peu sur le nom et l’utilisation de ce pistolet… 

C’est un jouet que j’ai fabriqué et utilisé dans mon enfance, époque où l’on ne se posait pas tant de questions ! En effet, on achetait des amorces, que l’on nommait je crois des « capucines », chez l’épicier ou au bureau de tabac. On les mettait dans le  pistolet, et on les faisait « péter » sans autre forme de procès. Ces « capucines » avaient une forme ronde et la taille d’un confetti. 





Ce pistolet était la meilleure façon de les faire péter, sinon il fallait utiliser deux pierres. Elles n’éclataient pas à la figure, ni d’une façon ni de l’autre. Aujourd’hui, on vend un peu partout des « claque-doigts » ou « clac-doigts » ou « Pif Paf » qui sont constitués de sable avec une quantité infinitésimale de fulminate d’argent, très explosif, mais totalement inoffensif.  


Ça remplace bien les « capucines ». 

Mais je vais garder le nom de pistolet à « capucines ».


La fabrication ne présente aucune difficulté importante. Il suffit juste de choisir les bonnes dimensions, qui seront données par les pinces à linge en bois ; cela fera plus « époque », et si elles sont délavées et usées, ce sera encore mieux. 

Le bois pour la fourche : peu importe son essence. On veillera simplement à ce qu’il ait une écorce lisse, pour l’esthétique et la bonne tenue en main. La taille est importante, surtout la poignée qui doit avoir un diamètre suffisant, mais pas trop gros : de 1,5 à 3 cm de diamètre. 


Matériaux nécessaires :

La fourche

La pince à linge

Du fil de fer très gros (environ 2,mm de diamètre). On peut utiliser ici des cintres qui sont vendus avec certains vêtement ; ils ont en fil de fer aciéré, donc un peu difficiles à couper et à tordre. Il faudra utiliser l'étau.


Outils nécessaires :

Une scie

Un couteau

Des pinces fortes ou un étau 

Une mèche de 3 mm, ou une vrille

Du papier de verre

Un pistolet à colle, ou de la colle à bois


Réalisation :

Fendre la partie de la fourche qui supportera la pince

Coller la pince

Par rapport à l’emplacement de la pince, perforer le canon du pistolet

Avec le fil de fer, façonner la gâchette à moitié, d’abord côté doigt ; la mettre en place et finir sa mise en forme. Ici un réglage assez fin est nécessaire pour que le fil de fer de la gâchette ouvre la pince et s'en échappe afin qu'elle claque.





 


jeudi 24 novembre 2022

 L’ ANGELOT NOIR


Le mot « ange » provient du grec ancien ἄγγελος (ággelos) qui signifie messager.

Dans les écrits religieux, les « anges » sont donnés comme étant déjà là depuis toujours, comme des évidences, et leur origine n'est jamais questionnée. Il en « existe » de toutes sortes, bien hiérarchisés, et certains portent même des noms ! Et ils sont asexués...

Mais, ils sont toujours blancs !

Le poète vénézuélien Andrés Eloy Blanco (1896 – 1955) s'en est justement ému, et a composé pour cela un poème mis en musique par Manuel Alvarez Maciste, chanson qui est devenue un grand classique  aux multiples interprètes : « Angelitos negros ». PETITS ANGES NOIRS

 

Peintre né dans mon pays

Avec un pinceau étranger,

Peintre qui suis les traces

De tant de peintres anciens,


Même si la Vierge est blanche,

Peins-moi de petits anges noirs,

Car ils vont aussi au paradis,

Tous les bons petits noirs


Peintre si tu peins avec amour,

Pourquoi méprises-tu leur couleur,

Si tu sais que dans le ciel,

Dieu les aime aussi ?


Peintre de saints et d'alcôves,

Si tu as une âme dans le corps

Pourquoi, lorsque tu as peint ces images,

As-tu oublié les noirs ?


Chaque fois que tu peins des églises,

Tu peins de beaux petits anges,

Mais tu n'as jamais pensé

A peindre un ange noir.


Pintor nacido en mi tierra / Con el pincel extranjero / Pintor que sigues el rumbo / De tantos pintores viejos / Aunque la Virgen sea blanca / Píntame angelitos negros / Que también se van al cielo / Todos los negritos buenos./ Pintor si pintas con amor /  ¿Por qué desprecias su color / Si sabes que en el cielo / También los quiere DIOS. /  

Pintor de santos y alcobas / Si tienes alma en el cuerpo / ¿ Por qué al pintar esos cuadros / Te olvidaste de los negros ? / Siempre que pintas iglesias / Pintas angelitos bellos  / Pero nunca te acordaste / De pintar un ángel negro.


https://youtu.be/Q0693qclYD4      (Chavela  Vargas)





“Le poète a toujours raison / qui voit plus loin que l’horizon”, chante Jean Ferrat. Nous l’avons pris au mot, en réalisant pour la MJR ce sympathique angelot noir!


Et c’est un clin d’œil que nous lançons à nos visiteurs hispanopnones qui sauront bien le repérer…

 

L’EPICEA

Il fait partie d’une immense famille de résineux, originaire des plaines boréales froides et humides du nord de l’Europe.

Autant dire que, dans les terres du Sud Ouest, il ne se sent pas trop chez lui. Et pourtant, on en trouve! Mais pas à l’état sauvage.

Ce sont en fait d’anciens “sapins de Noël” qui ont été, après usage, replantés au fond des jardins. Bien loin de leur terre d’origine, celle du Père Noël…

Il ne faut cependant pas voir là une relation particulière, mais le fait que cet arbre, de par ses caractéristiques a été choisi pour de nombreux usages.


Ce qui nous intéressera ici, c’est le cône femelle, pour faire le corps de l’ange: lorqu’il est mûr, donc bien ouvert (septembre - octobre), ses écailles présentent un port aéré qui donnera de la légèreté à notre angelot.


MATERIAUX NECESSAIRES

Des cônes (pignes) d’épicéa bien ouverts.

Des galles du chêne tauzin.

Des cupules de glands d’Amérique.

Des feuilles de chêne rouvre, à cueillir en automne lorsqu’elles ont plusieurs couleurs.

De la laine noire ou de petits morceaux de tricot noir (genre tee-shirt).

Pistolet à colle ou colle épaisse.

De la peinture blanche et de la noire (acrylique), ou des crayons de couleur 1 blanc et 1 noir.


OUTILS

Une lame de scie à métaux.

Des pinces coupantes.

Des ciseaux

Un couteau

Un pinceau très fin


REALISATION

A la scie à métaux, couper le cône en conservant le côté de l’attache à l’arbre, où sera la tête.

Egaliser la base à la pince coupante.

Coller la tête en veillant bien à son port.

Coller une cupule de gland. On peut insérer entre la cupule et la galle un morceau de laine noire qui figurera la chevelure.

Peindre les yeux et la bouche.

Coller les ailes.




 TENSEGRITE Rustique.


Tenségrité

 Faculté d’une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s’y répartissent et s’y équilibrent.

 Calque de l’anglais tensegrity, mot-valise de tensile et integrity, composé de tension et de intégrité. 

« Tensegrity » vient des mots latins « tensus» et « integritas », par le français.  



Fini DD


Il s’agit d’une variante de la « table de tenségrité » classique, mais faite avec des bois flottés ou morts, en utilisant les couleurs naturelles (blanc, gris clair, crème ou beige) et leurs formes uniques pour créer des objets originaux.

Dans ce cas, faire quatre « pieds », qui seront collés au support.

On peut aussi faire deux triangles, qui devront être équilatéraux, pour l’équilibre.


Etapes :

Réunir tous les éléments nécessaires, d’abord pour faire les deux parties de la « table ». Conserver autant que possible les fourches naturelles . Y coller quelques compléments si nécessaire.

Pour coller, utiliser le pistolet à colle, rapide et efficace, ou la glu.


Percer et coller sur le plateau support les 4 (ou les 3) plots auxquels seront fixés les fils.

Percer et fixer fermement au support la pièce qui servira de pivot (on peut utiliser une vis).

Fixer les fils (coller) définitivement aux pieds et, provisoirement aux autres éléments (les maintenir en place avec des pinces).

Equilibrer l’ensemble et coller les fils un par un, en laissant le temps de séchage entre deux.  



En promenade, en camping, en appartement au retour, l’occasion fait le larron : utiliser tout ce qui tombe sous la main, matériaux et outils du bord.

On peut personnaliser ces jouets, par exemple lieu et date de fabrication, objet souvenir associé (coquillage, pomme de pin, etc.).

Mais on ne peut pas « tricher », ni avec les lois de la physique, ni avec la spécificité de la colle, ni coller sur l’écorce qui se détache en séchant, ni coller deux bâtons bout à bout sans mettre une cheville solide dans les moelles, etc.  



Pour aller un peu plus loin.

Les différentes « crises » que l’on subit en ce moment ne sont pas passagères, et la « culture » du gaspillage est bel et bien terminée.

Par obligation ou par vertu (choisissez l’option…), il nous faudra bien évoluer !

Je pense que le jouet et le jeu peuvent y contribuer, à la manière de la goutte d’eau transportée sur l’incendie par le colibri.


Voyons en vrac quelques affirmations qui vont nous situer un peu :

* On pourrait dire que le bonheur est « fractal », en ce sens qu’une « fractale » est un objet qui présente une structure similaire à toutes les échelles. Le bonheur procuré par les jouets a ainsi la même structure que celui qui correspond à des réalisations plus grandes. Mais celui qui est recherché ici vient plus par l’être que par l’avoir ; dit autrement, la qualité est plus importante que la quantité.

*Un enfant, qui jette sans arrière pensée à la poubelle un jouet coûteux en plastique, ne se sépare jamais d’un jouet même modeste qu’il a fait lui-même, seul ou avec l’aide d’un adulte.

*On apprend en jouant, des savoirs, des savoir faire et des savoir être, et non le contraire qui est mettre le jeu au service des apprentissages.

*Nombreux sont les visiteurs de la Maison du Jouet qui me disent : « Comment voulez-vous que je fasse ça, si je vis en ville, dans un appartement, et que je n’ai presque aucun outil ? ». Nous voyons que ce n’est pas insurmontable.

*Le transfert des acquis se réalise sur tous les plans, y compris l’esprit d’initiative, la créativité, l’adaptation aux situations difficiles de pénurie par exemple…

*Nous ne parlerons pas d’une meilleure connaissance de la Nature, ni du respect qui en découle.

Il est possible de compléter cet objet de toutes les manières voulues, par exemple, ici, par un porte-crayons.



 


vendredi 18 novembre 2022

 La Vierge de Guadalupe (Mexico) approche sociologique



Nous sommes au petit matin du 9 décembre 1531, entre les collines rocheuses de Tepeyac, dans les environs nord de la ville de Mexico, qui se nomme encore Tenochtitlan, entre 1.000 et 2.000 m d’altitude. 

Un pauvre paysan indien de 57 ans, récemment converti au catholicisme et baptisé Juan Diego, passe par là ; il va en ville, à Tlatelolco, pour assister à une leçon de catéchisme.  



Les environs de Tepeyac

Dans ce qui n’est encore qu’une campagne inhabitée, il écoute de magnifiques chants d’oiseaux, inhabituels et qui le transportent mystérieusement ailleurs, quand soudain il entend une voix féminine  qui l’appelle doucement par son nom, en diminutifs: « Juanito, Juan Dieguito ».

Alors, il s’enhardit, monte sur la colline, et se trouve en présence d’une resplendissante  jeune fille qui illumine tout autour d’elle, plantes et rochers.


C’est ainsi que commence le « Nican Mopohua », un récit en nahuatl, écrit vers 1550 par Antonio Valeriano, et qui raconte les tout premiers moments de cette extraordinaire aventure.


La jeune femme s’adresse à Juan Diego dans des termes extrêmement polis et laudatifs, affectueux, ce qui le surprend grandement, lui, le simple indien habituellement méprisé.

Rapidement Elle lui révèle son identité. Elle est la Vierge Pure, la mère du Vrai Dieu, et ce qu’elle souhaite c’est qu’on lui construise dans ce lieu même une petite maison sainte pour La faire  



Rencontre Juan Diego - Virgen

connaître, ainsi que son Fils et leur message d’amour, et de compassion, destiné à tous les êtres humains, sans distinction aucune.


Juan Diego, impressionné, se rend aussitôt chez l’évêque, mais il n’est  pas cru, et s’ensuivra une longue négociation, jusqu’à ce qu’une preuve soit fournie à l’ecclésiastique, pour le convaincre : il s’agit d’un bouquet de roses, totalement improbables en cette saison et dans ces montagnes, que la Vierge a fait pousser exprès pour l’occasion.

 

Juan Diego est enfin reçu par l’évêque, et lorsqu’il ouvre sa « tilma » pour en tirer les roses qu’il y avait mises, apparaît une incroyable image de la Vierge, qui se trouve là, peinte par miracle, on ne sait quand ni comment, ni par qui...

La « tilma » est une sorte de poncho de travail, tissé avec de la fibre de « maguey », une variété de sisal, comme la ficelle dont on se sert à la campagne. Une toile, donc, bien impropre pour y peindre un tableau !  



Juan Diego ouvre sa Tilma devant l’évêque.


L’évêque en fut époustouflé : il comprit qu’il y avait là du sérieux !

Il garda quelque temps l’image dans son oratoire personnel, où les gens venaient la voir de plus en plus nombreux. Il fit alors construire une petite chapelle, là où la Vierge avait dit. Puis ce fut une petite église.

Aujourd’hui, 20 millions de pèlerins affluent chaque année à la basilique qui abrite la « tilma » dans la ville de.  



L’église primitive de Tepeyac.

Mexico, où elle est désormais soigneusement protégée par une vitre pare-balles.


Le contexte.

 


Afin de mieux comprendre les enjeux en présence dans cette apparition, il convient de regarder un peu le contexte de l’époque : la cosmogonie et la religion ambiantes.

L’empire aztèque, qui avait englobé des centaines de tribus du Mexique central, était en fait une théocratie terriblement sanguinaire, sous la coupe du dieu Huitzilopochtli et de sa mère Coatlicué assimilée parfois à Tonantzin.

La religion était fondée sur le principe suivant : le Soleil ne reviendrait chaque matin que si la veille on avait fourni à Huitzilopochtli suffisamment de victimes humaines. Il fallait pour cela mener constamment des guerres destinées à faire des prisonniers à sacrifier. Les chiffres, contestés par ailleurs, indiquent environ 100 000 par an ! Ces guerres étaient nommées « Guerres fleuries ».


 

Huitzilopochtli  

Coatlicué


Mystères et coïncidences inexpliquées.


De très nombreux points restent obscurs et sont, bien sûr, sujets de polémiques entre les sceptiques radicaux et les inconditionnels des apparitions de cette Vierge de Guadalupe.

Commençons par le plus concret : la toile de la tilma, sur laquelle figure l’image de la Vierge.

Comme nous l’avons vu, cette toile est faite d’une variété de sisal. Or, la fibre de cette plante ne dure qu’une trentaine d’années, environ, dans des conditions normales.

Eh bien, la tilma est âgée de près de cinq cents ans, et elle est toujours comme neuve. Pourtant, elle a passé plus d’un siècle dans la petite chapelle de Tepeyac, tout près du lac salé de Texcoco dont les eaux et les brouillards salés ont la réputation de détruire même le fer. De plus, pendant toute cette période, les multiples dévots avaient l’habitude de frotter leurs médailles, leurs objets souvenirs ou leur corps douloureux avec cette toile. 


Encore ceci : elle a subi au moins deux incidents sérieux, le premier, accidentel sans doute. En 1795, de l’acide nitrique y fut répandu et, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, il ne laissa qu’une légère trace, en haut à gauche. Certains affirment qu’elle s’est réparée toute seule, ou par une intervention miraculeuse.


Un autre incident fut l’attentat de 1921, perpétré à l’aide d’une bombe de dynamite, qui détruisit les vitraux de l’église, déforma la statue du Christ qui était à côté, et laissa l’image intacte !


Reste encore la question de la possibilité de peindre quelque chose sur cette toile !

 

Crucifix déformé par l’explosion.


L’emplacement choisi par la Vierge.

Lors de son entrevue avec Juan Diego, la Vierge insiste bien : elle veut qu’on lui construise son petit temple à l’emplacement exact de son apparition, et cela en pleine montagne, dans un lieu inhospitalier et éloigné de tout. Un caprice ?

Pas du tout !

Il se trouve que, pendant une longue période qui a précédé la Conquête, les Aztèques ont vénéré en ce lieu une ancienne divinité, nommée Tonantzin, qui a été assimilée à Cohatlicué et même à Guadalupe plus tard !


 

Quel peut être le sens de ce « message » ?

Dans les trois cas, il s’agit de « mères de dieux », or ce ne sont pas du tout les mêmes dieux…

Lorsque les espagnols sont arrivés au Mexique, ils ont découvert l’horrible carnage qui était perpétré au nom des dieux locaux, et ils en ont été 

profondément horrifiés, si bien que Hernán Cortés fracassa lui-même une statue de celles qui engloutissaient quotidiennement les entrailles des victimes.

 

Que la Vierge de Guadalupe soit un mythe fondateur créé par l’Eglise et les conquistadors ou un phénomène réellement surnaturel, on en comprend bien le message : éradiquer  cette religion. 

Or, on ne supprime jamais une religion, on ne peut que la subvertir ! Et c’est bien cela qui se met en place, du fait du parallélisme entre les deux systèmes : par exemple, dans tous les cas, les déesses sont mères des dieux, et même on peut voir Coatlicué enceinte, comme la Vierge de la tilma.

Le nom de « Guadalupe » a donné et donne encore lieu à des querelles de spécialistes, en gros, ceux qui pensent que c’est un apport de la « Guadalupe » espagnole, et les autres que cela vient d’un jeu de mot sur Coatlicué : « Tecuatlazupe » qui signifie « celle qui tue les serpents », et que les Espagnols ont mal entendu…

 

Il nous reste à aborder l’un des plus grands mystères de cette image : les yeux de la Vierge.


Avant de l’aborder, disons un mot du support : il s’agit, comme nos l’avons vu, d’une toile faite de sisal, fibre grossière et tissée de manière sommaire.

Comment est-il possible de peindre là-dessus quelque chose de délicat, de raffiné dans les détails ?  


D’innombrables professionnels ont été consultés, dans toutes les spécialités, sur cette tilma. Les peintres qui l’ont été ont tous déclaré que peindre là-dessus, sans apprêt, était impossible, vue la grossièreté de ces fibres et de ce tissage.

D’autres ont déclaré qu’il ne s’agissait pas de peinture, car on ne décelait aucune trace de pinceau, mais d’une sorte de projection comme au laser. Mais, voilà, aucune sorte de pigment connu n’y a été décelée.


Cependant, certains détails des yeux ont attiré les photographes qui, aidés par le perfectionnement des objectifs, ont réalisé des photos de plus en plus troublantes, avec des agrandissements massifs à l’ordinateur et des colorations diverses.

Mieux, on a convié de nombreux ophtalmologues dont certains ont vécu devant cette image des expériences qui les ont fortement impactés.

L’une de ces expériences vécues mérite d’être racontée.

L’un de ces ophtalmologues est venu près de la tilma, et a installé un échafaudage sur lequel il a disposé son appareil médical d’observation. Ayant fait la mise au point sur l’un des yeux, il constata, comme d’autres avant lui, que cet œil avait la profondeur du vivant, et sans en être conscient, il se laissa prendre et dit à la Vierge : « Pouvez-vous relever le regard, s’il vous plaît ? », car elle regarde vers le bas. C’est alors qu’il se rendit compte de sa bévue, et qu’il regarda inquiet autour de lui, pour voir si quelqu’un l’avait entendu…

Grâce à des scanners qui distinguent une dizaine de fois plus de nuances de gris que l’œil humain, on a pu repérer dans les yeux de la Vierge jusqu’à 13 silhouettes qui ont reçu de très diverses interprétations, depuis les personnages présents lors de l’ouverture de la tilma, comme l’évêque, Juan Diego, une servante noire, l’interprète, ou bien une famille complète, avec trois générations, etc.  

Chacun en a bien sûr tiré des conclusions qui servent sa cause ou son prosélytisme.


Peut-on parler ici de paréidolie, ce phénomène de perception qui fait que le cerveau a tendance à voir des visages ou des formes humaines un peu partout ?

Ce mystère reste entier, mais il n’est pas le seul : toute la toile est en fait un inextricable réseau de  

symboles, écrits dans le mode de pensée des contemporains. Par exemple, les étoiles de la tilma forment de la constellation du 12 décembre, jour du solstice, dans le calendrier julien, les fleurs, etc.

   

 La couleur bleu-vert clair, qui est celle de la cape de la Vierge, est aussi celle, exclusive, de l’empereur aztèque, et cela était parfaitement lisible par les contemporains.


Le sens de la Vierge de Guadalupe, aujourd’hui.


Une phrase que l’on cite souvent dans le pays dit à peu près ceci : « Il se peut que je ne sois pas un très bon catholique, mais je suis un fidèle inconditionnel de la Guadalupe ! »

Cette Vierge est à l’évidence un puissant lien fédérateur de la considérable diversité des populations mexicaines.

Cela se voit, entre autres circonstances, lors des fêtes et des processions en son honneur, par exemple le 12 décembre, dans tout le pays.  



En conclusion, disons que l’on ne peut pas conclure, tant le sujet est immense, et les questions qu’il pose innombrables et complexes…