jeudi 8 janvier 2015

LE SEXISME ET LES JOUETS

Le sexisme dans les jouets

J’observe une portée de petits chats qui sont nés sous mes yeux.
Ils développent une activité incessante et frénétique que personne ne leur a enseignée.
Dois-je en déduire qu’ils obéissent à une pulsion innée ?
Je ne sais comment ils nomment cette activité dans leur langage, mais nous, nous la nommons « jeu ».
Dans leurs « jeux », je ne distingue absolument pas les mâles des femelles, tant qu’ils sont très jeunes.
Puis, les mâles commencent à manifester des comportements plus puissants, plus « dominants ».
Bientôt, la mère va leur apporter des souris ou des mulots qu’elle a chassés, et qui seront leurs « jouets » préférés.
Elle jouera aussi elle-même avec eux, de façon parfois énergique. Que signifie cela dans sa tête ? Dans la nôtre, ce sera : elle « fait leur éducation ».

Vous me direz que nous ne sommes pas des chats, mais des Hommes.
Cela ne m’avait pas échappé ! Mais nous savons bien que l’Homme est d’abord un animal, en profondeur  —et que, parfois même, il le reste...—!

Cela nous conduit à essayer de définir le JEU.
Le jeu me semble être une dynamique, une pulsion de vie, innée, sans doute commune à tous les animaux. Une dynamique de vie, à la fois physique et mentale qui, de toute évidence, pilote le développement sur ces deux plans. Il faut y ajouter un aspect très important : la construction identitaire sociale —avec les différences, bien sûr, qui caractérisent les espèces—.

Comment définir le JOUET dans ce cadre ?
Le jouet est un objet qui sert de support, de véhicule, d’appui, d’accompagnement, de relance, à toute la procédure, physique, mentale, psychologique et sociale.

Ce qui motive ici notre réflexion n’est pas l’objet quelconque qui sert au petit chat à « se faire les dents » ou au bébé à développer ses gestes de préhension.
Ce qui nous motive, c’est la facette « sociale » de la formation de l’enfant par le jeu et le jouet.
Du fait qu’elle est plus « culturelle » que « naturelle », cette facette inclut d’importantes différences, selon les espèces animales évidemment, mais surtout chez les humains, selon les époques et les modèles structurels des groupes considérés.
Car le jeu et le jouet acquièrent très tôt chez/pour les petits des Hommes une fonction symbolique très chargée.

Disons tout de suite qu’à ce niveau se croisent au moins deux courants dynamiques :
- l’aptitude naturelle, innée, à l’apprentissage par imitation : le « mimétisme », inscrit dans les neurones miroirs,
- la nécessité pour une société d’insérer ses rejetons dans son système de « valeurs », ses modèles dominants, ses intérêts, dans ses Mythes et ses Institutions.
Autrement dit « 100% d’inné et 100% d’acquis », selon la formule consacrée, ou « Je suis moi et ma circonstance (mon contexte) », selon le philosophe espagnol Ortega y Gasset.
Le jeu et le jouet ne sont donc jamais anodins !

"Le plus jeune chef militaire"
Sans commentaire...!!!

Une plongée dans l’Histoire : les jouets dans l’Antiquité.
Nous nous centrerons ici seulement sur ceux qui peuvent illustrer le thème du « sexisme ».
Les Antiquités grecque et romaine, qui nous ont laissé de nombreux vestiges, sont particulièrement révélatrices à ce sujet.
Disons tout de suite que la différenciation fille/garçon y était omniprésente et très contraignante.

On pourrait multiplier les exemples. La question n’est pas de juger les « valeurs » de ces systèmes sociaux, mais de se demander s’il y a une constante qui les traverse. Et oui, il y en a une !
La constante est celle-ci : partir de la dynamique innée de la Vie et du jeu, pour en faire le vecteur de quelque chose.
          Chaque civilisation a imaginé ses stratégies pour conserver ses structures et conserver la Vie. De toute évidence, dans les temps anciens, c’était la sélection naturelle de la race qui prévalait —la loi de la jungle—, y compris par le biais des sacrifices humains rituels !
          On pense, par exemple, à ces rites au cours desquels on pendait des jeunes filles dans les arbres, en Crète, cf. : http://jouet-rustique.blogspot.fr/2014/03/la-balancoire-cest-juste-pour-rire.html
Les fêtes des Aiôries, et la légende d’Érigoné, qui en dérivent, comportaient justement la pendaison propitiatoire de « poupées » .

De quelle manière s’organisait la transmission de ces « valeurs » ?
En greffant sur la très forte dynamique naturelle de la Vie —la plus puissante de toutes probablement— des schémas structurants ancrés dès la petite enfance chez les sujets.
Les objets que nous nommons « poupées » chez les Grecs et les Romains combinaient parfaitement ces deux fonctions : le jeu et le symbole sacré. Un peu comme une « Vierge Marie » qui aurait aussi une fonction ludique de poupée, ou inversement.

Le souci premier de l’éducation de la fillette chez les Grecs anciens, pour ne parler que d’eux, était d’en faire une génitrice, tout comme on faisait des guerriers avec les garçons —pour ce qui est des géniteurs, cela se trouve facilement partout !—.
Donc, la petite fille était placée sous l’égide d’une divinité, Artémis, autour de laquelle s’articulaient toutes les étapes de son développement sexuel, jusqu'à la puberté et au mariage, entre 12 et 14 ans. Cette dernière étape était couronnée lorsque la jeune femme remettait sa « poupée » à Artémis. Sa « poupée » qui avait été pendant toute son enfance à la fois un jouet et un modèle d’identification, d’où le double sens de « koré » en grec comme de « pupa » en latin : fillette ET poupée..
Dans le langage populaire, on dit bien d’une fille idéale que c’est « une poupée ».
En somme, une Barbie !

On retrouve aujourd’hui la même dynamique vitale et sociale de cette anthropogenèse, de cette « gynégenèse » dans ce cas, à la seule différence que les divinités ont changé.
Les sociétés anciennes étaient homogènes —ou presque !— et cohérentes, structurées autour de divinités, de mythes, de rites dominants partagés par tous.
Aujourd’hui, les sociétés sont plurielles, éclatées, déstructurées, livrées à des dieux et à des idoles hétéroclites.
Il me semble que seule une religion fait en ce moment à peu près consensus universel: le foot, mais gouvernée par le Tout Puissant Dieu de la Consommation et du Profit.

Les jouets, qui sont comme nous l’avons vu, à la fois les miroirs et les reflets des sociétés dans lesquelles ils se développent, ne peuvent trouver leurs caractéristiques symboliques ailleurs que sous l’égide de ce nouveau dieu mondialisé : le Profit. Et préparer les enfants à son culte, par tous les moyens.

Aujourd’hui, en littérature, en musique, en art en général —et dans tous les facteurs de socialisation et de construction des citoyens et des sociétés—, est réputé « bon » ou « de qualité », ce qui se vend, ce qui génère du profit.

Alors, si créer dans les supermarchés des « rayons roses » avec des poupées, et des « rayons bleus » avec des tanks et des pistolets, ça fait vendre, bienvenue soit l’initiative, et au diable les retombées culturelles !

Les polémiques qui se déchaînent à propos du sexisme des jouets sont bien respectables en soi, parfois un peu « intégristes », parfois naïves. Mais, en règle générale, elles ne proposent qu’un traitement sémantique ou simplement symptomatique du problème...
On ne fait pas tomber la fièvre en cassant le thermomètre!

Quel est, déjà pour aujourd’hui, et pour demain, le seul « dieu » universel qui puisse transcender tous ces modèles, tout en respectant la dynamique naturelle ludique de la Vie, et en s’appuyant sur elle ?

Eh bien, c’est Gaïa, notre noble Terre Mère, qui en a assez de cette vermine humaine pullulant sur son dos, et qui commence déjà à s’ébrouer sévèrement pour s’en débarrasser...

dimanche 4 janvier 2015

La mante religieuse

Difficiles à attraper en hiver, mais on y arrive...