samedi 30 septembre 2023

 Le Marcheur en cartoline  Fiche MJR


Ce jouet, inspiré d’un blog de Federico Tobon (1) : https://www.youtube.com/watch?v=-OJ1Yc2SwAs&t=42s , est accessible à des enfants, accompagnés, bien sûr.



Sur un même mécanisme de base, il sera possible d’installer tous types de « marcheurs » : humains, animaux, chimères, etc., que l’on laissera à la libre inspiration des enfants.

1. Federico Tobon est un artiste qui vit à Los Angeles.  

Principe de fonctionnement .

Le « marcheur » est installé sur deux pinces à linge ; il est mis en mouvement pat une manivelle qui le tient par les pieds. Il reste droit grâce à un fil de fer dans son dos.


Matériaux nécessaires :

- des feuilles de cartoline, de couleurs variées ;

- deux pinces à linge (de préférence en bois)

- du fil de fer (soit de type « fagot », soit issu de la reliure d’un cahier à spirale)

- un petit tasseau pour réunir les pinces

- une planchette pour le socle

- colle forte rapide ou pistolet à colle

- marqueurs de différentes couleurs


Outils

- des ciseaux

- des pinces pointues

- une petite scie


Réalisation

- dessiner le personnage  

- dessiner quelques traits du visage et, éventuellement, colorier

- le découper


- coller le petit tasseau, entre les 2 pinces, et à l’intérieur de chacune d’elles

- coller les deux pinces sur le socle


- préparer le fil de fer pour le vilebrequin, avec des pinces fines :

Silhouette et vilebrequin.

- réaliser le vilebrequin en ajustant la position des pliures à l’écartement des jambes

- rabattre les pieds sur les jambes et coller avec la manivelle à l’intérieur.


Mise en place du « marcheur »

Enfiler les deux extrémités du vilebrequin dans les ressorts des pinces, et leur donner leur forme.

Placer un fil de fer entre le personnage et le tasseau pour le maintenir debout.  





« Marcheurs » finis, à la MJR.


dimanche 25 juin 2023

 La coccinelle 


D’où lui vient son nom ? Comment en fabriquer une ?

A la première question, l’Intelligence Artificielle peut facilement répondre, mais pas à la deuxième…

Cela nous laisse encore un peu de temps, à nous qui sommes porteurs de savoir-faire anciens, et de capacités d’improvisation !

Le nom de la coccinelle lui vient du latin coccinus : « d'écarlate », de coccum : espèce de cochenille qui donne une teinture écarlate; et cela en raison de la couleur de ses élytres.

On ne saurait faire plus simple ni plus exactement descriptif.

Mais, pourquoi la nommer aussi « bête à bon dieu » ?

Selon la légende, au Moyen Age, un homme était accusé d’un crime qu’il n’avait pas commis.

Condamné à mort à Paris, cet homme clamait son innocence.

Il devait avoir la tête tranchée.

Mais une coccinelle se posa sur son cou.

Le bourreau enleva alors la coccinelle très délicatement et releva sa hache afin de trancher le cou du jeune homme. Quelle ne fut pas alors sa surprise lorsqu’il constata que la coccinelle était de retour sur le cou du pauvre jeune homme!

Le bourreau eut beau insister, mais la coccinelle était obstinée, à tel point que le roi d’alors (Robert le Pieux) intervint, considérant que l’événement était un miracle et que la coccinelle accomplissait là une mission divine.

Le roi décida de gracier l’homme. Quelques jours plus tard, le vrai meurtrier fut retrouvé.

Les spectateurs persuadés que le Tout-Puissant avait envoyé la coccinelle pour sauver cet innocent, lui donnèrent le nom de « Bête à Bon Dieu ».

Heureuse époque où les miracles étaient si évidents ! Ou bien, aujourd’hui, on ne sait plus les voir…


Mais, comment en fabriquer une ?

En gros, l’ « IA » (il faut dire IA pour être à la page) va nous proposer des modèles…  en deux dimensions. Plus ou moins du papier découpé.

C’est là qu’intervient le savoir du bricoleur : la solution est dans la galle du chêne ! (Voir fiche MJR N° 255)



Matériaux nécessaires :

Deux galles du chêne : une « normale » et une très petite.

De l’élastique à découper, genre chambre à air

Deux brindilles très fines.

Un magnet.

Réalisation



Couper la galle normale en deux parties et la petite en quatre, à la scie à métaux.

Découper six pattes aux ciseaux.

Creuser le quart de la petite galle et le coller à la grosse.

Peindre les deux parties : le corps en orange rouge et la tête en noir.

 

Avec un gros poinçon, perforer la carapace aux emplacements des six pattes et, sur la tête pour les antennes, avec un plus petit. Coller les pattes et les antennes dans les trous.  

Peindre les yeux.

Fixation 

Pour fixer la coccinelle sur le frigo, utiliser un magnet : le découper à la forme et à la taille de la bestiole, puis le coller par-dessous.

Pour la fixer au mur, on peut utiliser du scotch double face.  

 


N.B. La coccinelle à 7 points porte bonheur !



jeudi 15 juin 2023

 Le papillon


Le papillon, donc sa fabrication, a été l’une des activités privilégiées de mon enfance.

En effet, sa réalisation est très facile, et les matériaux ainsi que les outils étaient à portée de ma main.

Planche du Larousse 1897.
Où est-ce que j’avais appris ; où avais-je trouvé les modèles ? Aucun souvenir ; mais, la manière de faire est bien présente à mon esprit !

Le modèle vient à coup sûr de l’ « Encyclopédie Larousse » que nous avions à la maison, et qui avait été le cadeau que mon père avait reçu du sien, en 1900, pour son Bac…

Cette encyclopédie a été pour moi, enfant, dès que j’ai su lire, ce que peut être Internet aujourd’hui : la source des réponses à tout.

Les magnifiques planches en couleurs de cet ouvrage étaient pour moi d’inépuisables sources de rêves…

J’ai choisi pour cette fiche le papillon « Monarque », d’abord pour sa splendeur, puis pour l’énigme de son existence que je ne connaissais pas à l’époque, et enfin pour des raisons écologiques.


 Le Monarque est un grand papillon célèbre pour ses migrations de grande ampleur sur le continent américain. Il se déplace par groupes de millions d'individus sur des distances pouvant atteindre 4 000 km, du Canada, des Etats Unis, au Mexique, Venezuela, Colombie, etc., deux fois par an, d'août à octobre vers le Sud, et au printemps vers le Nord.

La distance est bien évidemment extraordinaire, mais l’inexplicable prodige est que cette migration s’effectue en deux générations, voire trois: une à l’aller, l’autre au retour. Cela signifie donc que leur « savoir » se transmet des parents aux enfants par… les gênes ! ! 

Au Mexique, notre papillon se réfugie sur des pins « Oyamel » de la Sierra Nevada, au Nord.

Mais, voilà : cette zone climatique, et les terres des alentours, sont propices à la culture des avocatiers, alors, des entreprises agricoles qui exploitent la culture de l’avocatier se sont mis à arracher les pins oyamel !

Du coup, les papillons ont de moins en mois de territoire, et pourraient même disparaître de cette zone… 


Matériaux nécessaires

Une feuille de papier A4 assez fort ou de la cartoline blanche, des marqueurs ou des crayons, des tubes de peinture, de couleurs variées.

Une petite baguette de bois.

De la colle.


Réalisation



Plier et couper la feuille en deux, et sur une moitié elle-même pliée en deux, dessiner un demi papillon.

Découper ce papillon en conservant la feuille pliée. Ouvrir la feuille.

Au crayon, dessiner les nervures sur les ailes puis les surligner avec un marqueur très fin.  

Nervures papillon monarque.


A partir du modèle, appliquer les couleurs.

Découper et tailler le corps du papillon dans la petite baguette fendue en long, puis la peindre, et enfin la coller.


Pour la fixation du papillon, utiliser par exemple du sparadrap : réaliser un cylindre autour d’un doigt, en collant les deux bouts du morceau de sparadrap, face collante à l’extérieur.  

Exemplaire terminé.

Ce tube, fixé au dos du papillon, servira de collant à deux faces.


Remarque sur les objectifs

Le jeu est fait pour jouer ; l’apprentissage en découle naturellement, et non l’inverse.

Il faudra insister sur l’étonnante transmission des « savoirs ».

La catastrophe climatique est bien assez présente dans les média : il suffira de dire que le territoire mexicain des monarques est en péril.


Complément littéraire

Dans son très beau roman « Monarques », Sébastien Rutés, qui est venu à Pujols en novembre dernier, a écrit ça :

 

« Au printemps, les papillons nés au Mexique retournent vers la région des Grands Lacs nord-américains. Ils traversent les États-Unis en moins de six mois, soit trois générations. La quatrième naît au Canada au début de l'automne et entreprend le voyage retour vers le Mexique. Cette fois, la migration se fait en une seule génération, dont la durée de vie est de sept mois. Arrivés à destination, les papillons entrent dans une phase d'inactivité tout l'hiver pour se reproduire en mars, avant que le cycle recommence.

Les individus qui s'installent en novembre dans les forêts du Michoacan sont donc les arrière-petits-enfants de ceux qui les ont quittés en avril. Comment savaient-ils où se rendre ?

Chaque année, les monarques s'installent exactement dans la même montagne, sur les mêmes arbres de ce sanctuaire, et empruntent le même chemin pour y parvenir, sans qu'on ait découvert comment les différentes générations se transmettent les informations.

L'instinct, l'atavisme, les horloges circadiennes logées dans leurs antennes, aucune réponse n'est satisfaisante.

On sait seulement qu'à un moment, les individus de la quatrième génération éprouvent l'irrépressible besoin de retrouver la terre de leurs ancêtres et que rien, ni la distance ni le temps, ne parvient à leur faire obstacle, capables qu'ils sont même de tripler l'espérance de vie de leur espèce pour parvenir à leurs fins.

J'ignore s'ils ressentent eux aussi la nostalgie d'un passé qu'ils n'ont pas connu ou souffrent de l'insatisfaction du présent, ce sentiment de s'être trompé d'époque, de n'être pas à sa place, la mélancolie de l'exilé dans le pays où il est né. Le mal d'un pays dont on ne connaît pas le nom.

Je ne sais pas s'ils conservent dans leur petite mémoire de papillons les souvenirs des générations passées, une hérédité de sensations douces, la tiédeur, le parfum des oyamels.

J'ai lu quelque part que ce seraient les millions de cadavres de leurs congénères mêlés depuis des siècles à la terre de cette région qui les attireraient.

Je préfère me persuader que la nostalgie de la beauté des bois sacrés est un attrait plus fort que l'odeur de la mort, mais c'est un paradoxe fascinant que cette quatrième génération voie sa longévité accrue uniquement pour rallier le lieu où donner la vie, initier un nouveau cycle et mourir. »


Cet extrait est un cadeau que nous fait Romain, ami du Jouet Rustique, et bibliothécaire à Pujols. Romain est un remarquable lecteur et animateur qui organise plusieurs fois par an des rencontres littéraires à la Maison du Jouet Rustiques, et parmi elles, une avec Sébastien Rutés qui est écrivain et maître de conférences, agrégé d'espagnol, titulaire d’un doctorat en 2003 à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.


mardi 18 avril 2023

 Serpent Egypte ancienne  



Nous avons peu d’informations à propos de ce « serpent » qui apparaît ici sur une pub moderne d’objets historiques reconstitués.

 





A la MJR nous en avons un, moins schématique, qui servira très bien de modèle pour l’atelier (photos Jeanne WHITE).

Le principe est que le serpent est fait avec un tube, ici, du sureau pour ne pas avoir les nœuds de la canne de Provence ou du bambou. Le côté de la tête est fermé, et un trou est pratiqué sur le haut du crâne. On souffle par l’autre bout, et l’air soufflé soulève la souris.  

 


Eléments historiques complémentaires.


J.G. Tumilet & P.G. Tumilet, sur leur très intéressant site du Musée Pédagogique d’Aragón, Huesca, Espagne, (https://www.portraitofaplaything.com/portraits-41-/50-mouse-and-snake ) donnent une étude détaillée sur l’objet suivant :



qui est exposé au Rijksmuseum van Oudheden de Leiden, Pays Bas.

Ils disent que cet objet est présenté sous deux entrées : « un serpent avec une créature ressemblant à une souris sur le dos » et « l'animal supérieur est probablement une mangouste égyptienne, qui est immunisée contre le venin de serpent et mange des serpents et leurs œufs ».  

Les auteurs font remarquer que l’article indique qu’il est difficile de se prononcer entre un usage ludique de l’objet et un usage sacré.

Il est vrai que nous ne devons pas projeter sur cet objet une vision correspondant à notre civilisation occidentale moderne !

Pour le fabriquer.


MATERIAUX NECESSAIRES.

Une tige de sureau, d’environ 20 cm ou plus, assez droite, sans nœud, et d’un diamètre de 2cm environ.

Un morceau de bois tendre, d’environ 2 par 2cm et 5 cm de long, pour la souris.

Un autre petit morceau pour boucher le tube.

Deux petites planchettes de 1cm par 5 cm pour tenir la souris.

Une baguette de brochette.


OUTILS NECESSAIRES

Comme pour les autres jouets, pas besoin d’outils compliqués ; d’ailleurs, on en fabriquera certains soi-même.

Mais il faudra qu’ils soient parfaitement adaptés, ce que les participants ne perçoivent pas toujours…

L’outil le plus spécial sera un simple fil de fer, mais d’un diamètre d’environ 1mm ou 1,5 mm. L’ancien fil de fer « à fagots » allait très bien ! Il le faudra d’environ 20 cm de long.

 



Pour faire l’outil, on formera une boucle à l’une des extrémités et à l’autre un petit crochet pointu en forme de V fermé.

On pourra aussi se servir d’un tournevis au diamètre intérieur du tube.


REALISATION

Il faudra d’abord évider le tube, mais il ne sera pas nécessaire de nettoyer les parois à la perfection : juste qu’il y ait assez d’air pour souffler sous la souris et la soulever. Pour cela, enfoncer le fil de fer par la pointe, sans forcer, en tournant, et en chassant les morceaux de moelle. Percer sur la moitié de la longueur du tube, puis faire la même opération par l'autre côté. Passer enfin par le trou une baguette fine pour l’aléser un peu plus.

Il faudra maintenant un morceau de baguette rond d’environ 2 cm de long et du diamètre intérieur du tube : le coller du côté de la tête. Ensuite, tailler la tête de forme triangulaire. Pour cela, on peut utiliser le couteau ou la ponceuse à disque.


On passera ensuite à la fabrication de la souris : la sculpter en volume, avec une large poitrine, pour que l’air soufflé la prenne bien.

Décoration du serpent.

 



Le modèle de la MJR est décoré au fer rouge, avec un outil fait maison, aussi : un fil de fer enfoncé dans la moelle d’un tronçon de noisetier ou autre bois, et recourbé au bout selon le dessin désiré.

Pour chauffer le pyrograveur au rouge, il faut avoir, par exemple, un chalumeau à gaz.

Si ce n’est pas possible, on utilisera un marqueur noir ou un pinceau avec de la gouache.


 



mercredi 28 décembre 2022

Pistolet à « capucines »

 Pistolet à « capucines »



J’hésite un peu sur le nom et l’utilisation de ce pistolet… 

C’est un jouet que j’ai fabriqué et utilisé dans mon enfance, époque où l’on ne se posait pas tant de questions ! En effet, on achetait des amorces, que l’on nommait je crois des « capucines », chez l’épicier ou au bureau de tabac. On les mettait dans le  pistolet, et on les faisait « péter » sans autre forme de procès. Ces « capucines » avaient une forme ronde et la taille d’un confetti. 





Ce pistolet était la meilleure façon de les faire péter, sinon il fallait utiliser deux pierres. Elles n’éclataient pas à la figure, ni d’une façon ni de l’autre. Aujourd’hui, on vend un peu partout des « claque-doigts » ou « clac-doigts » ou « Pif Paf » qui sont constitués de sable avec une quantité infinitésimale de fulminate d’argent, très explosif, mais totalement inoffensif.  


Ça remplace bien les « capucines ». 

Mais je vais garder le nom de pistolet à « capucines ».


La fabrication ne présente aucune difficulté importante. Il suffit juste de choisir les bonnes dimensions, qui seront données par les pinces à linge en bois ; cela fera plus « époque », et si elles sont délavées et usées, ce sera encore mieux. 

Le bois pour la fourche : peu importe son essence. On veillera simplement à ce qu’il ait une écorce lisse, pour l’esthétique et la bonne tenue en main. La taille est importante, surtout la poignée qui doit avoir un diamètre suffisant, mais pas trop gros : de 1,5 à 3 cm de diamètre. 


Matériaux nécessaires :

La fourche

La pince à linge

Du fil de fer très gros (environ 2,mm de diamètre). On peut utiliser ici des cintres qui sont vendus avec certains vêtement ; ils ont en fil de fer aciéré, donc un peu difficiles à couper et à tordre. Il faudra utiliser l'étau.


Outils nécessaires :

Une scie

Un couteau

Des pinces fortes ou un étau 

Une mèche de 3 mm, ou une vrille

Du papier de verre

Un pistolet à colle, ou de la colle à bois


Réalisation :

Fendre la partie de la fourche qui supportera la pince

Coller la pince

Par rapport à l’emplacement de la pince, perforer le canon du pistolet

Avec le fil de fer, façonner la gâchette à moitié, d’abord côté doigt ; la mettre en place et finir sa mise en forme. Ici un réglage assez fin est nécessaire pour que le fil de fer de la gâchette ouvre la pince et s'en échappe afin qu'elle claque.





 


jeudi 24 novembre 2022

 L’ ANGELOT NOIR


Le mot « ange » provient du grec ancien ἄγγελος (ággelos) qui signifie messager.

Dans les écrits religieux, les « anges » sont donnés comme étant déjà là depuis toujours, comme des évidences, et leur origine n'est jamais questionnée. Il en « existe » de toutes sortes, bien hiérarchisés, et certains portent même des noms ! Et ils sont asexués...

Mais, ils sont toujours blancs !

Le poète vénézuélien Andrés Eloy Blanco (1896 – 1955) s'en est justement ému, et a composé pour cela un poème mis en musique par Manuel Alvarez Maciste, chanson qui est devenue un grand classique  aux multiples interprètes : « Angelitos negros ». PETITS ANGES NOIRS

 

Peintre né dans mon pays

Avec un pinceau étranger,

Peintre qui suis les traces

De tant de peintres anciens,


Même si la Vierge est blanche,

Peins-moi de petits anges noirs,

Car ils vont aussi au paradis,

Tous les bons petits noirs


Peintre si tu peins avec amour,

Pourquoi méprises-tu leur couleur,

Si tu sais que dans le ciel,

Dieu les aime aussi ?


Peintre de saints et d'alcôves,

Si tu as une âme dans le corps

Pourquoi, lorsque tu as peint ces images,

As-tu oublié les noirs ?


Chaque fois que tu peins des églises,

Tu peins de beaux petits anges,

Mais tu n'as jamais pensé

A peindre un ange noir.


Pintor nacido en mi tierra / Con el pincel extranjero / Pintor que sigues el rumbo / De tantos pintores viejos / Aunque la Virgen sea blanca / Píntame angelitos negros / Que también se van al cielo / Todos los negritos buenos./ Pintor si pintas con amor /  ¿Por qué desprecias su color / Si sabes que en el cielo / También los quiere DIOS. /  

Pintor de santos y alcobas / Si tienes alma en el cuerpo / ¿ Por qué al pintar esos cuadros / Te olvidaste de los negros ? / Siempre que pintas iglesias / Pintas angelitos bellos  / Pero nunca te acordaste / De pintar un ángel negro.


https://youtu.be/Q0693qclYD4      (Chavela  Vargas)





“Le poète a toujours raison / qui voit plus loin que l’horizon”, chante Jean Ferrat. Nous l’avons pris au mot, en réalisant pour la MJR ce sympathique angelot noir!


Et c’est un clin d’œil que nous lançons à nos visiteurs hispanopnones qui sauront bien le repérer…

 

L’EPICEA

Il fait partie d’une immense famille de résineux, originaire des plaines boréales froides et humides du nord de l’Europe.

Autant dire que, dans les terres du Sud Ouest, il ne se sent pas trop chez lui. Et pourtant, on en trouve! Mais pas à l’état sauvage.

Ce sont en fait d’anciens “sapins de Noël” qui ont été, après usage, replantés au fond des jardins. Bien loin de leur terre d’origine, celle du Père Noël…

Il ne faut cependant pas voir là une relation particulière, mais le fait que cet arbre, de par ses caractéristiques a été choisi pour de nombreux usages.


Ce qui nous intéressera ici, c’est le cône femelle, pour faire le corps de l’ange: lorqu’il est mûr, donc bien ouvert (septembre - octobre), ses écailles présentent un port aéré qui donnera de la légèreté à notre angelot.


MATERIAUX NECESSAIRES

Des cônes (pignes) d’épicéa bien ouverts.

Des galles du chêne tauzin.

Des cupules de glands d’Amérique.

Des feuilles de chêne rouvre, à cueillir en automne lorsqu’elles ont plusieurs couleurs.

De la laine noire ou de petits morceaux de tricot noir (genre tee-shirt).

Pistolet à colle ou colle épaisse.

De la peinture blanche et de la noire (acrylique), ou des crayons de couleur 1 blanc et 1 noir.


OUTILS

Une lame de scie à métaux.

Des pinces coupantes.

Des ciseaux

Un couteau

Un pinceau très fin


REALISATION

A la scie à métaux, couper le cône en conservant le côté de l’attache à l’arbre, où sera la tête.

Egaliser la base à la pince coupante.

Coller la tête en veillant bien à son port.

Coller une cupule de gland. On peut insérer entre la cupule et la galle un morceau de laine noire qui figurera la chevelure.

Peindre les yeux et la bouche.

Coller les ailes.




 TENSEGRITE Rustique.


Tenségrité

 Faculté d’une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s’y répartissent et s’y équilibrent.

 Calque de l’anglais tensegrity, mot-valise de tensile et integrity, composé de tension et de intégrité. 

« Tensegrity » vient des mots latins « tensus» et « integritas », par le français.  



Fini DD


Il s’agit d’une variante de la « table de tenségrité » classique, mais faite avec des bois flottés ou morts, en utilisant les couleurs naturelles (blanc, gris clair, crème ou beige) et leurs formes uniques pour créer des objets originaux.

Dans ce cas, faire quatre « pieds », qui seront collés au support.

On peut aussi faire deux triangles, qui devront être équilatéraux, pour l’équilibre.


Etapes :

Réunir tous les éléments nécessaires, d’abord pour faire les deux parties de la « table ». Conserver autant que possible les fourches naturelles . Y coller quelques compléments si nécessaire.

Pour coller, utiliser le pistolet à colle, rapide et efficace, ou la glu.


Percer et coller sur le plateau support les 4 (ou les 3) plots auxquels seront fixés les fils.

Percer et fixer fermement au support la pièce qui servira de pivot (on peut utiliser une vis).

Fixer les fils (coller) définitivement aux pieds et, provisoirement aux autres éléments (les maintenir en place avec des pinces).

Equilibrer l’ensemble et coller les fils un par un, en laissant le temps de séchage entre deux.  



En promenade, en camping, en appartement au retour, l’occasion fait le larron : utiliser tout ce qui tombe sous la main, matériaux et outils du bord.

On peut personnaliser ces jouets, par exemple lieu et date de fabrication, objet souvenir associé (coquillage, pomme de pin, etc.).

Mais on ne peut pas « tricher », ni avec les lois de la physique, ni avec la spécificité de la colle, ni coller sur l’écorce qui se détache en séchant, ni coller deux bâtons bout à bout sans mettre une cheville solide dans les moelles, etc.  



Pour aller un peu plus loin.

Les différentes « crises » que l’on subit en ce moment ne sont pas passagères, et la « culture » du gaspillage est bel et bien terminée.

Par obligation ou par vertu (choisissez l’option…), il nous faudra bien évoluer !

Je pense que le jouet et le jeu peuvent y contribuer, à la manière de la goutte d’eau transportée sur l’incendie par le colibri.


Voyons en vrac quelques affirmations qui vont nous situer un peu :

* On pourrait dire que le bonheur est « fractal », en ce sens qu’une « fractale » est un objet qui présente une structure similaire à toutes les échelles. Le bonheur procuré par les jouets a ainsi la même structure que celui qui correspond à des réalisations plus grandes. Mais celui qui est recherché ici vient plus par l’être que par l’avoir ; dit autrement, la qualité est plus importante que la quantité.

*Un enfant, qui jette sans arrière pensée à la poubelle un jouet coûteux en plastique, ne se sépare jamais d’un jouet même modeste qu’il a fait lui-même, seul ou avec l’aide d’un adulte.

*On apprend en jouant, des savoirs, des savoir faire et des savoir être, et non le contraire qui est mettre le jeu au service des apprentissages.

*Nombreux sont les visiteurs de la Maison du Jouet qui me disent : « Comment voulez-vous que je fasse ça, si je vis en ville, dans un appartement, et que je n’ai presque aucun outil ? ». Nous voyons que ce n’est pas insurmontable.

*Le transfert des acquis se réalise sur tous les plans, y compris l’esprit d’initiative, la créativité, l’adaptation aux situations difficiles de pénurie par exemple…

*Nous ne parlerons pas d’une meilleure connaissance de la Nature, ni du respect qui en découle.

Il est possible de compléter cet objet de toutes les manières voulues, par exemple, ici, par un porte-crayons.



 


vendredi 18 novembre 2022

 La Vierge de Guadalupe (Mexico) approche sociologique



Nous sommes au petit matin du 9 décembre 1531, entre les collines rocheuses de Tepeyac, dans les environs nord de la ville de Mexico, qui se nomme encore Tenochtitlan, entre 1.000 et 2.000 m d’altitude. 

Un pauvre paysan indien de 57 ans, récemment converti au catholicisme et baptisé Juan Diego, passe par là ; il va en ville, à Tlatelolco, pour assister à une leçon de catéchisme.  



Les environs de Tepeyac

Dans ce qui n’est encore qu’une campagne inhabitée, il écoute de magnifiques chants d’oiseaux, inhabituels et qui le transportent mystérieusement ailleurs, quand soudain il entend une voix féminine  qui l’appelle doucement par son nom, en diminutifs: « Juanito, Juan Dieguito ».

Alors, il s’enhardit, monte sur la colline, et se trouve en présence d’une resplendissante  jeune fille qui illumine tout autour d’elle, plantes et rochers.


C’est ainsi que commence le « Nican Mopohua », un récit en nahuatl, écrit vers 1550 par Antonio Valeriano, et qui raconte les tout premiers moments de cette extraordinaire aventure.


La jeune femme s’adresse à Juan Diego dans des termes extrêmement polis et laudatifs, affectueux, ce qui le surprend grandement, lui, le simple indien habituellement méprisé.

Rapidement Elle lui révèle son identité. Elle est la Vierge Pure, la mère du Vrai Dieu, et ce qu’elle souhaite c’est qu’on lui construise dans ce lieu même une petite maison sainte pour La faire  



Rencontre Juan Diego - Virgen

connaître, ainsi que son Fils et leur message d’amour, et de compassion, destiné à tous les êtres humains, sans distinction aucune.


Juan Diego, impressionné, se rend aussitôt chez l’évêque, mais il n’est  pas cru, et s’ensuivra une longue négociation, jusqu’à ce qu’une preuve soit fournie à l’ecclésiastique, pour le convaincre : il s’agit d’un bouquet de roses, totalement improbables en cette saison et dans ces montagnes, que la Vierge a fait pousser exprès pour l’occasion.

 

Juan Diego est enfin reçu par l’évêque, et lorsqu’il ouvre sa « tilma » pour en tirer les roses qu’il y avait mises, apparaît une incroyable image de la Vierge, qui se trouve là, peinte par miracle, on ne sait quand ni comment, ni par qui...

La « tilma » est une sorte de poncho de travail, tissé avec de la fibre de « maguey », une variété de sisal, comme la ficelle dont on se sert à la campagne. Une toile, donc, bien impropre pour y peindre un tableau !  



Juan Diego ouvre sa Tilma devant l’évêque.


L’évêque en fut époustouflé : il comprit qu’il y avait là du sérieux !

Il garda quelque temps l’image dans son oratoire personnel, où les gens venaient la voir de plus en plus nombreux. Il fit alors construire une petite chapelle, là où la Vierge avait dit. Puis ce fut une petite église.

Aujourd’hui, 20 millions de pèlerins affluent chaque année à la basilique qui abrite la « tilma » dans la ville de.  



L’église primitive de Tepeyac.

Mexico, où elle est désormais soigneusement protégée par une vitre pare-balles.


Le contexte.

 


Afin de mieux comprendre les enjeux en présence dans cette apparition, il convient de regarder un peu le contexte de l’époque : la cosmogonie et la religion ambiantes.

L’empire aztèque, qui avait englobé des centaines de tribus du Mexique central, était en fait une théocratie terriblement sanguinaire, sous la coupe du dieu Huitzilopochtli et de sa mère Coatlicué assimilée parfois à Tonantzin.

La religion était fondée sur le principe suivant : le Soleil ne reviendrait chaque matin que si la veille on avait fourni à Huitzilopochtli suffisamment de victimes humaines. Il fallait pour cela mener constamment des guerres destinées à faire des prisonniers à sacrifier. Les chiffres, contestés par ailleurs, indiquent environ 100 000 par an ! Ces guerres étaient nommées « Guerres fleuries ».


 

Huitzilopochtli  

Coatlicué


Mystères et coïncidences inexpliquées.


De très nombreux points restent obscurs et sont, bien sûr, sujets de polémiques entre les sceptiques radicaux et les inconditionnels des apparitions de cette Vierge de Guadalupe.

Commençons par le plus concret : la toile de la tilma, sur laquelle figure l’image de la Vierge.

Comme nous l’avons vu, cette toile est faite d’une variété de sisal. Or, la fibre de cette plante ne dure qu’une trentaine d’années, environ, dans des conditions normales.

Eh bien, la tilma est âgée de près de cinq cents ans, et elle est toujours comme neuve. Pourtant, elle a passé plus d’un siècle dans la petite chapelle de Tepeyac, tout près du lac salé de Texcoco dont les eaux et les brouillards salés ont la réputation de détruire même le fer. De plus, pendant toute cette période, les multiples dévots avaient l’habitude de frotter leurs médailles, leurs objets souvenirs ou leur corps douloureux avec cette toile. 


Encore ceci : elle a subi au moins deux incidents sérieux, le premier, accidentel sans doute. En 1795, de l’acide nitrique y fut répandu et, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, il ne laissa qu’une légère trace, en haut à gauche. Certains affirment qu’elle s’est réparée toute seule, ou par une intervention miraculeuse.


Un autre incident fut l’attentat de 1921, perpétré à l’aide d’une bombe de dynamite, qui détruisit les vitraux de l’église, déforma la statue du Christ qui était à côté, et laissa l’image intacte !


Reste encore la question de la possibilité de peindre quelque chose sur cette toile !

 

Crucifix déformé par l’explosion.


L’emplacement choisi par la Vierge.

Lors de son entrevue avec Juan Diego, la Vierge insiste bien : elle veut qu’on lui construise son petit temple à l’emplacement exact de son apparition, et cela en pleine montagne, dans un lieu inhospitalier et éloigné de tout. Un caprice ?

Pas du tout !

Il se trouve que, pendant une longue période qui a précédé la Conquête, les Aztèques ont vénéré en ce lieu une ancienne divinité, nommée Tonantzin, qui a été assimilée à Cohatlicué et même à Guadalupe plus tard !


 

Quel peut être le sens de ce « message » ?

Dans les trois cas, il s’agit de « mères de dieux », or ce ne sont pas du tout les mêmes dieux…

Lorsque les espagnols sont arrivés au Mexique, ils ont découvert l’horrible carnage qui était perpétré au nom des dieux locaux, et ils en ont été 

profondément horrifiés, si bien que Hernán Cortés fracassa lui-même une statue de celles qui engloutissaient quotidiennement les entrailles des victimes.

 

Que la Vierge de Guadalupe soit un mythe fondateur créé par l’Eglise et les conquistadors ou un phénomène réellement surnaturel, on en comprend bien le message : éradiquer  cette religion. 

Or, on ne supprime jamais une religion, on ne peut que la subvertir ! Et c’est bien cela qui se met en place, du fait du parallélisme entre les deux systèmes : par exemple, dans tous les cas, les déesses sont mères des dieux, et même on peut voir Coatlicué enceinte, comme la Vierge de la tilma.

Le nom de « Guadalupe » a donné et donne encore lieu à des querelles de spécialistes, en gros, ceux qui pensent que c’est un apport de la « Guadalupe » espagnole, et les autres que cela vient d’un jeu de mot sur Coatlicué : « Tecuatlazupe » qui signifie « celle qui tue les serpents », et que les Espagnols ont mal entendu…

 

Il nous reste à aborder l’un des plus grands mystères de cette image : les yeux de la Vierge.


Avant de l’aborder, disons un mot du support : il s’agit, comme nos l’avons vu, d’une toile faite de sisal, fibre grossière et tissée de manière sommaire.

Comment est-il possible de peindre là-dessus quelque chose de délicat, de raffiné dans les détails ?  


D’innombrables professionnels ont été consultés, dans toutes les spécialités, sur cette tilma. Les peintres qui l’ont été ont tous déclaré que peindre là-dessus, sans apprêt, était impossible, vue la grossièreté de ces fibres et de ce tissage.

D’autres ont déclaré qu’il ne s’agissait pas de peinture, car on ne décelait aucune trace de pinceau, mais d’une sorte de projection comme au laser. Mais, voilà, aucune sorte de pigment connu n’y a été décelée.


Cependant, certains détails des yeux ont attiré les photographes qui, aidés par le perfectionnement des objectifs, ont réalisé des photos de plus en plus troublantes, avec des agrandissements massifs à l’ordinateur et des colorations diverses.

Mieux, on a convié de nombreux ophtalmologues dont certains ont vécu devant cette image des expériences qui les ont fortement impactés.

L’une de ces expériences vécues mérite d’être racontée.

L’un de ces ophtalmologues est venu près de la tilma, et a installé un échafaudage sur lequel il a disposé son appareil médical d’observation. Ayant fait la mise au point sur l’un des yeux, il constata, comme d’autres avant lui, que cet œil avait la profondeur du vivant, et sans en être conscient, il se laissa prendre et dit à la Vierge : « Pouvez-vous relever le regard, s’il vous plaît ? », car elle regarde vers le bas. C’est alors qu’il se rendit compte de sa bévue, et qu’il regarda inquiet autour de lui, pour voir si quelqu’un l’avait entendu…

Grâce à des scanners qui distinguent une dizaine de fois plus de nuances de gris que l’œil humain, on a pu repérer dans les yeux de la Vierge jusqu’à 13 silhouettes qui ont reçu de très diverses interprétations, depuis les personnages présents lors de l’ouverture de la tilma, comme l’évêque, Juan Diego, une servante noire, l’interprète, ou bien une famille complète, avec trois générations, etc.  

Chacun en a bien sûr tiré des conclusions qui servent sa cause ou son prosélytisme.


Peut-on parler ici de paréidolie, ce phénomène de perception qui fait que le cerveau a tendance à voir des visages ou des formes humaines un peu partout ?

Ce mystère reste entier, mais il n’est pas le seul : toute la toile est en fait un inextricable réseau de  

symboles, écrits dans le mode de pensée des contemporains. Par exemple, les étoiles de la tilma forment de la constellation du 12 décembre, jour du solstice, dans le calendrier julien, les fleurs, etc.

   

 La couleur bleu-vert clair, qui est celle de la cape de la Vierge, est aussi celle, exclusive, de l’empereur aztèque, et cela était parfaitement lisible par les contemporains.


Le sens de la Vierge de Guadalupe, aujourd’hui.


Une phrase que l’on cite souvent dans le pays dit à peu près ceci : « Il se peut que je ne sois pas un très bon catholique, mais je suis un fidèle inconditionnel de la Guadalupe ! »

Cette Vierge est à l’évidence un puissant lien fédérateur de la considérable diversité des populations mexicaines.

Cela se voit, entre autres circonstances, lors des fêtes et des processions en son honneur, par exemple le 12 décembre, dans tout le pays.  



En conclusion, disons que l’on ne peut pas conclure, tant le sujet est immense, et les questions qu’il pose innombrables et complexes…