mardi 21 mars 2017

“La vieille femme qui vivait dans un soulier.”



Voici une très ancienne comptine anglaise
qui a connu, et connaît encore, d’innombrables
  reprises, variations, utilisations artistiques,
y compris dans le domaine des jouets !
Est-ce en raison de son étrange atmosphère?


There was an old woman who lived in a shoe.
She had so many children she didn't know what to do.
She gave them some broth without any bread.
She whipped them all soundly and put them to bed.

Il était une vieille qui vivait dans un soulier,
Elle avait tant d'enfants qu'elle était dépassée.
Elle leur donna du bouillon sans pain à manger.
Elle les mit au lit après les avoir tous durement fouettés.



Cette comptine semble avoir été imprimée pour la première fois en 1794, mais sa composition est sûrement plus ancienne.
Parmi les variantes conservées, celle-ci (de 1797) aggrave la situation:

Then out went th’ old woman to bespeak ‘em a coffin,
And when she came back, she found ‘em all a-loffeing.

Alors la vieille femme sortit pour leur commander un cercueil,
Et quand elle est revenue, elle les a tous trouvés en train de rire


.
To loffe” est une forme archaïque de “To laugh” (rire), qui daterait de l’époque de Shakespeare (1564-1616). Plus récemment, ont été rédigées des versions édulcorées ou même carrément à l’eau de rose...
Reste le problème de la, ou des significations cachées de cette comptine.
Aucune n’est certaine, mais il y en a pour tous les goûts ! Entre autres, celles-ci:
¤ Au XVIe Siècle, la chaussure était liée à la fertilité; c’est pourquoi on en attachait une à la voiture des mariés. Déjà !
¤ La “vieille femme” aurait été le roi Georges II (1683-1760) qui, ayant mis à la mode les perruques poudrées de blanc, avait acquis pour cela ce surnom, et qui maltraitait les Lords de la Chambre opposés à ses idées.
¤ Il ne s’agirait pas d’une chaussure mais d’une maison de passe ou d’un bidonville. En effet, à cette époque-là, un mot dont la signification a évolué,
stew”, et qui pourrait avoir été remplacé par “shoe”, mieux compris depuis, avait précisément ce sens: allusion à la misère et à la surnatalité subie...
¤ Etc.
Ajoutons, pour conclure, que ces comptines appartiennent à la série des “Contes de ma Mère l'Oie” qui ont été interprétés comme des récits hermétiques ou ésotériques !