samedi 5 mars 2011

Le moulin métaphysique

Jeu, rite, structuration, prophylaxie, ludopathie


Dans le rite, c’est le bouc émissaire qui meurt (qui est sacri-fié = « est fait sacré ») : c’est le « coupable », autre, extérieur à la communauté, qui donc ne peut pas être moi.

Dans le jeu, qui meurt ? Le perdant, qui peut être moi. Mais ce moi est un moi symbolique, fictif, qui n’existe que dans l’aire et le temps du jeu, et le joueur a plusieurs vies.

Dans le rite, le bouc émissaire deviendra idole structurante de l’ordre social collectif et individuel. Ce mythe, accepté, devient le point de repère extérieur, supérieur, transcendant, au nom duquel tout se structure.

Dans le jeu, le perdant n’est pas un bouc émissaire ; il n’est pas sacrifié (il a x vies), et il ne devient pas idole.

Le jeu ne crée pas ses règles comme le font le sacrifice et l’idole qui en est issue. Il est déjà là ; il est post-sacrificiel. Il se régit par rapport à une entité déjà créée par le (issue du) sacrifice ; il s’inscrit dans un mythe dont l’ordonnateur est l’idole (le dieu) ou le hasard divinisé. Il est donc une prophylaxie.

Entrer dans le jeu, c’est entrer dans un lieu hors du lieu et dans un temps hors du temps.

Entrer dans le jeu, c’est entrer dans un avant pré-sacrificiel.

Le temps pré-sacrificiel individuel est celui qui précède le « sacrifice » de l’enfant, pour que naisse l’adulte.

Revenir au temps pré-sacrificiel, c’est repartir à zéro, pour rejouer la structuration de l’adulte.

C’est mourir encore une fois (symboliquement) pour grandir un peu plus.

D’où l’idée, si ce schéma anthropologique est exact et universel, que le but de la vie c’est l’apprentissage.

Apprentissage de quoi ? C’est le parcours initiatique, le Chemin de Compostelle, au bout duquel le pèlerin va se débarrasser du «vieil homme », pour en reconstruire un nouveau au retour.

La ludopathie consiste à se replonger sans cesse dans cet avant, c’est à dire à se déstructurer rituellement (première étape du rite), sans pourtant trouver jamais d’issue structurante. C’est donc un masochisme : se remettre sans cesse dans la situation d’une bataille perdue, en espérant un jour la gagner.

C’est entrer dans l’aire et le temps du sacrifice, sans arriver à (sans vouloir ?, sans pouvoir ?) y mourir symboliquement.

Que, ou qui faudrait-il « sacrifier » pour réussir cette structuration ?

Mais, surtout, au nom de quel mythe structurant qui donnerait sens et structure à ce sacrifice ?

Existe-t-il aujourd’hui un mythe structurant qui puisse fédérer le groupe et l’individu dans nos sociétés modernes ?

Je suis en train d’y réfléchir !



En attendant, je fais tourner mon « moulin métaphysique»…

Et puis, je me dis: pourquoi d'aussi belles pensées dans un lieu aussi modeste? (Vous avez vu là une métaphore? Ah, bon!)

Elles, elles  pourraient sûrement me répondre, si je savais seulement les écouter...


Juego, rito, estructura, profilaxis, ludopatía

Juego, rito, estructura, profilaxis, ludopatía



En el ritual, es el chivo expiatorio el que se muere (que es sacri-ficado = "hecho sagrado") es el "culpable", otro, exterior a la comunidad, por lo que no puede ser yo.



En el juego, ¿quién se muere? El perdedor, que puede ser yo. Pero este yo es un yo simbólico, que sólo existe en el área y a la hora del juego, y el jugador tiene varias vidas.



En el rito, el chivo expiatorio se convierte en el ídolo estructurador del orden social colectivo e individual. Este mito, aceptado, se convierte en el punto de referencia exterior, superior, trascendente, en nombre del que todo se organiza.



En el juego, el perdedor no es un chivo expiatorio; no es sacrificado (tiene x vidas), y no se convierte en un ídolo.



El juego no crea sus propias reglas como el sacrificio y el ídolo que sale de él. Ya está ahí, y es post-sacrificial. Se rige con respecto a una entidad ya establecida por el (salida del) sacrificio, se inscribe en un mito cuyo rector es el ídolo (el dios) o el azar deificado. Por lo tanto, es una profilaxis.



Entrar en el juego es entrar en un lugar fuera del lugar, un tiempo fuera del tiempo.



Entrar en el juego es entrar en un antes pre-sacrificial.



El tiempo pre-sacrificial individual es el que precede el "sacrificio" del niño para que nazca el adulto.



Volver al tiempo pre-sacrificial, es volver a partir de cero, para volver a jugar (a representar) la estructuración del adulto.



Es morir una vez más (simbólicamente) para crecer un poco más.



De ahí la idea, si este sistema antropológico es exacto y universal, que la finalidad de la vida es aprender.







¿Aprender qué? Es el viaje iniciático, el Camino de Santiago, al final del cual el peregrino va a deshacerse del "hombre viejo" para construir uno nuevo a la vuelta.



La ludopatía consiste en sumergirse incesantemente en este antes, es decir en desestructurarse ritualmente (primera etapa del rito), pero sin encontrar nunca una salida estructurante. Es pues un masoquismo: volver a ubicarse constantemente en la posición de una batalla perdida, esperando ganarla un día.



Es entrar en el área y en el tiempo del sacrificio, sin llegar a (¿sin querer?, ¿sin poder?) morir simbólicamente. ¿En beneficio de qué?



¿Qué o quién es lo que habría que sacrificar para lograr esta estructuración?



Más importante aún, ¿en nombre de qué mito estructurante que daría sentido, estructura y aceptabilidad a este sacrificio?



¿Existe hoy un mito estructurador que pueda federar al grupo y al individuo en nuestras sociedades modernas?



Estoy pensando en ello!



Mientras tanto, le doy vueltas a mi molino metafísico.