Que me dit « Wikipédia » à propos des "fractales" ? Entre autres choses, ceci :
« Les objets fractals peuvent être envisagés comme des structures gigognes en tout point –et pas seulement en un certain nombre de points, les attracteurs de la structure gigogne classique. Cette conception ‘hologigogne’ (gigogne en tout point) des fractales implique cette définition tautologique : un objet fractal est un objet dont chaque élément est aussi un objet fractal »
Pourquoi pas ? Je n’ai pas peur des mots ‘savants’.
Mais, avec une image ce sera plus facile; je vous propose de regarder celle-ci ; c’est un chou « romanesco ».
On y voit bien qu’à tous les niveaux, et de la plus grande à la plus petite, les stuctures sont exactement identiques : des pyramides enroulées sur elles-mêmes en spirale.
Autrement dit, la plus petite de ces structures est autant « chou romanesco » que la plus grande. Seul le volume change, c’est à dire la quantité! Donc, pas la qualité, comme aurait dit le bon Monsieur de La Pallice !
Et voici le problème philosophique et/ou physiologique que je me pose maintenant: le plaisir, aurait-il lui aussi une structure fractale ? Quel plaisir dites-vous ? Eh bien, tous les plaisirs, évidemment.
Si je me pose cette question, c’est que j’ai eu l’occasion de rencontrer des « décroissants », au cours de mes pérégrinations. Et que, sans adhérer à rien —ce n’est pas mon style d’appartenir à tel ou tel—, je me suis senti « interpellé » par eux, comme on dit.
Retour à Wikipédia qui propose à « décroissance » un excellent article don j’extrais ceci :
« Les objecteurs de croissance, appelés aussi « décroissants » dans la presse, s'opposent aux défenseurs du «développement durable » ou « développement soutenable » (sustainable development), ceux-ci ne remettant pas en cause l'idéal de croissance. Les partisans de la décroissance contestent en effet l'idée d'un développement économique infini : selon eux, le taux de production et de consommation ne peut pas être durablement accru ni même maintenu, dans la mesure où la création de richesse mesurée par les indicateurs économiques comme le PIB correspond à une destruction du capital naturel et que ce dernier est épuisable.”
Suit une analyse fouillée des diverses tendances et sensibilités qui se chamaillent dans la mouvance, et des diverses critiques qui lui sont faites, toutes plus sûres d’elles-mêmes les unes que les autres, évidemment.
Je n’entrerai pas dans ces arcanes-là.
Afin d’élargir le débat, je me poserai la question du plaisir que l’on peut ressentir, et comment. Je partirai pour cela des enfants, et aussi des plus grands de tous les âges que je côtoie régulièrement dans les animations.
Je regarde la lumière de leurs yeux, je ressens la fébrilité de leurs gestes, j’éprouve la joie et le bonheur de leur satisfaction d’avoir réalisé un jouet, même le plus modeste, j’écoute leurs mots, parfois particulièrement émouvants.
Et je me demande ce qui pourrait bien être en jeu dans ces mécanismes des corps, des âmes et des esprits peut-être.
La dopamine, la noradrénaline et autres neurotransmetteurs ? Probablement.
Alors, cela voudrait dire quoi ? Je pense au vers d’Alfred de Musset : « Qu’ importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ? », et je me dis que si un simple jouet peut donner autant de plaisir —et même beaucoup plus !— qu’un autre, très sophistiqué, c’est qu’il mobilise autant ou plus des mêmes neurotransmetteurs.
La quantité, c’est de la matière ; la qualité c’est du symbole, et je crois que le symbolique est plus fort que le matériel.
Alors, quel rapport avec les « décroissants » ?
Celui-ci : et si j’étais un « Monsieur Jourdain » de la « décroissance »? J’ai découvert que je fais, depuis toujours, de la « décroissance » sans le savoir... Dans les jouets, bien sûr, et c’est ce qui nous intéresse ici, mais dans d’autres domaines de la consommation, aussi. Souvent plus par nécessité que par vertu, faut-il le dire ?
Il n’est pas question de faire du misérabilisme, mais lorsqu’on a été entraîné à ramasser un bouton, à conserver le moindre bout de fil de fer, et à ne jamais jeter un morceau de pain, il en reste toujours quelque chose.
Les « défis » du jouet rustique, qui consistent à réaliser un projet avec les seuls moyens du bord —matériaux et outils— ne sont ni des turlutaines ni des pratiques masochistes, au sens de René Girard —se remettre en permanence dans la situation d’une bataille perdue pour espérer enfin la gagner un jour...—. Non, il s’agit bel et bien d’un style, d’un art de vivre que redécouvrent aujourd’hui les "décroissants" asphyxiés comme moi par l’hypergaspillage ambiant.
Et là est ma question, et aussi la réponse que je ressens pleinement en moi : oui, il y a qualitativement plus de plaisir à réaliser un modeste jouet avec « trois fois rien », mais en y investissant toute sa créativité, son ingéniosité, son respect et son amour —Whaoouu ! Que voilà un mot suspect !— pour un simple bout de bois, et se surprendre à dire merci à l’arbre qui nous l’a offert, qu’à vider son escarcelle à l’hyper.
Eh bien voilà, vous avez tout compris : ce « trois fois rien » pour du bonheur, c’est ça le « plaisir fractal ».
Mais, attention, n’en jetons plus ! On passerait facilement pour de dangereux illuminés, en tenant de pareils propos...
Il vaut tout de même mieux « trader » en bourse, tout en se bonifiant au bromazépam ou autres benzodiazépines ; c’est plus présentable et plus "politiquement correct", non ?
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